Une plongée dans la France de l’Occupation à travers le destin hors du commun d’une femme ordinaire.
Critique de la pièce
À Cherbourg, pendant l’occupation, sous le régime de Vichy, un commissaire de police (Guillaume Nocture) reçoit des lettres de dénonciation à foison... elles n’ont pas de valeur, car elles sont anonymes…
Cependant, l’une d’elles l’intrigue. Elle est riche en détails très précis, et indique qu’une femme fait des avortements clandestins. Elle mentionne leur nombre, les noms de six filles qui ont avorté, et où trouver la canule et la poire ayant permis ces avortements illégaux.
La scène suivante se déroule quelque temps auparavant.
Augustine, une cartomancienne, (Sophie Jolis) tire les cartes à Marie-Louise (Julia Salaün). Ces dernières ont parlé : Marie-Louise « aura une cours dans laquelle elle sera la reine…. Il y aura aussi beaucoup d’argent ». Le mari de Marie-Louise est invalide de guerre, mais cela n’empêche pas sa femme de « parader au bras de son amant en disant que c’est son cousin ».
Un jour, une amie de Marie-Louise vient la voir désespérée. Elle est enceinte et ne peut le garder. Elle a tout essayé, médicament, décoction, vinaigre, etc., mais rien n’y fait. Elle supplie Marie-Louise de l’aider à avorter. D’abord réticente, cette dernière accepte en voyant le désespoir de son amie. « L’opération » réussit.
Un peu plus tard, une femme (Laetitia Ayrès) vient frapper à sa porte, envoyée par la cartomancienne qui lui a dit que Marie-Louise pouvait l’aider. Le mari de cette femme est absent depuis un an. Elle a couché avec un Allemand et est enceinte. Une nouvelle fois, Marie-Louise comprend la détresse de cette femme.
Elle entre alors dans une machine infernale. Marie-Louise se fait maintenant rémunérer, et la cartomancienne prend une commission de 25% du montant payé par les femmes qu’elle lui envoie ! Les avortements se font à la chaîne.
En plus de cela, Marie-Louise loue des chambres à des prostituées. Cette dernière « activité » est d’ailleurs bien plus rémunératrice que les avortements…
Sans le savoir, Marie-Louise est surveillée par la police, depuis la réception de la lettre de dénonciation.
Et puis tout va très vite, perquisition, inculpation puis procès.
Marie-Louise est traitée de mère indigne, de putain et d’avorteuse par la population. Elle estime cependant, sincèrement, n’avoir rien fait de mal en « aidant » ses femmes. Elle ne comprend pas pourquoi on s’acharne à ce point sur elle. Par excès de zèle, ou pour faire un exemple, son dossier est transféré au tribunal d’exception. La suite, certains la connaissent s’ils ont vu « Une affaire de femme » de Claude Chabrol qui reprenait l’histoire de Marie-Louise Giraud…
La mise en scène est sobre, un bureau qui peut tourner sur lui-même selon les besoins, représentera le bureau du commissaire, la table d’opération de Marie-Louise…
Certaines scènes sont chantées avec des paroles, ou bouches fermées, pour ajouter de l’émotion à l’action. La musique composée, par Guillaume Ménard, est interprétée au piano pendant le spectacle.
“ La faiseuse d’anges” est une belle transposition scénique de l’histoire de Marie-Louise Giraud.
Régis Gayraud
Une tireuse de carte, un commissaire, des langues qui se délient, une enquête, un procès, la France de Vichy qui ne pardonne pas.... Venez découvrir l’histoire vraie de Marie-Louise Giraud, Une trajectoire bouleversante qui se raconte aussi par la musique originale jouée et chantée sur scène.
Créatifs :
Texte :
Sophie Jolis
Compositeur : Guillaume Ménard
Mise en scène et dramaturgie : Aurélien Houver
Costumes : Telen
Décors : Samuel Giuranna et Pierre Morsard
Création lumières : Alain Hubert
Graphisme : Axel Bourée
Producteur : Compagnie Croc-en-jambe.
Julia Salaün, Sophie Jolis, Laetitia Ayrès, Guillaume Nocture et au piano Guillaume Ménard.
Guillaume Nocture, Julia Salaün, Sophie Jolis, Laetitia Ayrès, et Guillaume Ménard.
Photo : Régis Gayraud (2025)
“La faiseuse d'anges” est produit par la Compagnie Croc-en-jambe..
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Lieu : Espace Saint Martial - 2, rue Henri-Fabre - 84000 Avignon.
Réservations : |