L'histoire d'une famille qui accompagne l’un des siens. À l'extrémité de la vie.

Critique de la pièce

Jacques (Benoit Giros) parle avec sa femme Simone (Muriel Gaudin). Cette dernière lui demande où sont ses lunettes de soleil qu’elle ne retrouve plus. Jacques lui répond qu’il n’en sait rien. Qu’il ne voit pas pourquoi il les lui aurait prises, car il en a une paire qui lui va très bien ! Simone doit partir faire des courses. Pourquoi, ne veut-elle pas laisser Jacques seul à la maison ? En dehors du fait qu’il n’a pas réalisé qu’il n’a pas mis ses chaussures, Jacques a l’air d’aller bien. Il n’a pas trop envie de sortir, mais va cependant l’accompagner.

Un peu plus tard, alors qu’il est avec sa fille et son fils Paul (Mikaël Chirinian), Jacques leur parle de partir en Suisse avant sa déchéance future. Paul minimise, son père va bien, il n’est pas question de parler de ça.

Peu à peu, Jacques va devenir difficilement gérable pour sa femme qui doit s’occuper seul de son mari : ses enfants, sont loin. Elle va devoir le placer.

À tour de rôle, elle et ses enfants, viennent lui rendre visite. Paul est celui qui refuse le plus la situation. Il est très affecté par l’état de son père qui vit de plus en plus dans son monde, tout en étant parfois d’une lucidité incroyable.

Paul regrette de ne pas avoir pu plus parlé avec son père quand ce dernier était toujours intellectuellement présent. Mikaël Chirinian est particulièrement touchant dans l’interprétation de Paul, ce comédien plutôt bien bâti, montre une tristesse et des larmes touchantes par rapport à la situation. Mais il va savoir comment se comporter avec son père face à cette situation.

Dans la salle, lors d’une scène représentant une réunion entre personnes devant affronter ce genre d’événement, un homme (Philippe Giros), assis parmi les spectateurs, témoigne de ce qu’il a vécu avec sa femme pendant plusieurs années, alors que sa santé déclinait…

Cette pièce, même si elle aborde un sujet difficile qui peut toucher n’importe qui d’entre nous, n’est jamais larmoyante. D’ailleurs, une scène tout à fait inattendue est excessivement drôle.

Sur la scène, il y a une plante verte. Pour montrer le temps qui passe, celle-ci est remplacée par une autre un peu plus grande à chaque fois. C’est astucieux, tout en étant sobre.

Le texte de Denis Lachaud sonne juste, tout comme son interprétation. Il ne cherche pas à sombrer dans le pathos, et ne tombe pas dans les clichés.

Tout est juste, tout est dit.

Le voyage d’hiver, est une belle pièce qui donnera peut-être des clés à certains, et qui mérite d’être vue par le plus grand nombre.

Régis Gayraud

Résumé (programme du Off) :

Accompagner quelqu’un vers la mort, c’est rendre hommage à la vie. C’est l'histoire d'une famille qui accompagne l’un de ses membres dans la maladie. Dans cette aventure, chacun se découvre différent. Nouveau.
C’est l’histoire d'aidants qui aiment suffisamment la vie pour accompagner ceux qui la quittent. Ils voient leur univers changer, leurs certitudes vaciller, et découvrent des pans entiers de leur histoire qui étaient cachés.
Ils s’enrichissent de cette aventure, même douloureuse.
Ce spectacle est une cérémonie tendre et joyeuse sur le soin, l’attention et la présence portés à ceux qui en ont le plus besoin. Nous.

Vidéo du spectacle (non disponible)

Créatifs :

Texte : Denis Lachaud
Mise en scène : Benoit Giros

Costumes : Sarah Leterrier
Scénographie : Eric Schoenzetter et Sarah Leterrier
Lumières : Natacha Raber

Producteur : Compagnie L'idée du Nord-Benoit Giros.

Distribution :

Mikaël Chirinian, Muriel Gaudin, Benoit Giros et la participation de Philippe Giros

Mikaël Chirinian, Benoit Giros, Muriel Gaudin, Philippe Giros
Photo : Régis Gayraud (2025)

“Le voyage d'hiver” est produit par la Compagnie L'idée du Nord-Benoit Giros.

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