12 novembre 2011

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Rencontre avec Anaïs Ancel

 

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 Nous avons rencontré Anaïs Ancel interprète du rôle titre d'Hermione dans Andromaque Fantaisie barock’, lors des répétitions. Nous vous faisons partager ce moment

 

 

Musicals In Europe (MIE) : Depuis combien de temps faites vous partie de la troupe des Épis Noirs ?

Anaïs Ancel : Depuis que nous avons monté « Fatrasie ». Un peu plus de deux ans donc.

 

MIE : Quel a été votre parcours avant de rencontrer les Épis Noirs ?

Anaïs Ancel : J’ai fait le studio Alain de Bock, puis j’ai pris des cours avec le metteur en scène Vincent Dussart.

 

MIE : Travaillez-vous avec d’autres compagnies en parallèle ?

Anaïs Ancel : Je travaille aussi avec la compagnie du crayon. J’ai fait une pièce avec eux « La pyramide » de Copi, au studio théâtre d’Asnières et à l’Espace Kiron (à Paris, dans le onzième).

 

MIE : Au départ, étiez-vous plus comédienne, chanteuse ou musicienne ?

Anaïs Ancel : A la base, j’étais comédienne mais j’adorais chanter, cependant je n’avais jamais joué d’instrument de musique. Dans le spectacle, je joue des percussions : du cajón [caisse de résonnance sur laquelle on est assis ndlr], du tambas et du tambourin.

 

MIE : Comment vous est venue l’envie de faire du théâtre ?

Anaïs Ancel : En fait, j’ai commencé toute petite avec ma maman qui était professeur de théâtre et qui avait une troupe. Depuis l’âge de 6 ans, je crois que ce désir pour ce métier ne m’a jamais quitté. Après le Bac, je suis montée à Paris pour faire une école de théâtre, et tout s’est enchaîné.

 

MIE : Vous me disiez que vous aimiez bien chanter. Quels sont vos styles de chansons préférés ?

Anaïs Ancel : J’écoute de tout. J’aime beaucoup le rock, surtout celui des années 70 et les chanteurs comme Johnny Cash ou Nina Simon.

 

MIE : Au début d'Andromaque, c’est vous qui démarrer le spectacle d’une voix puissante, avec un chant assez surprenant.

Anaïs Ancel : Nous voulions commencer la tragédie avec quelque chose de musical assez puissant, qui laisse le spectateur dans le questionnement : où sommes nous, où va-t-on, que va-t-il se passer ?

Nous avions trouvé cela en répétition et nous l’avons laissé.

 

MIE : Comment avez-vous travaillé le personnage ?

Anaïs Ancel : On a d’abord eu le texte. Puis nous avons commencé le travail. D’abord par les chansons pour être ensemble en tant que musicien, trouver nos voix. Puis les textes sont arrivés, et nous avons travaillé scène après scène. Pierre Lericq nous expliquait, avant de tout mettre en scène, l’esprit qu’il voulait, pour aboutir à cette démesure, ce lâchez-prise.

Enfin, nous sommes revenus aux chansons, puis au travail scène après scène.

Pour Hermione, la difficulté a été que Pierre voulait que je sois en talon, mais j’avais beaucoup de mal à être dans le sol, dans mon corps sans savoir d’où cela venait. Nous avions la même vision du personnage : cette furie qui est sans mesure. Cependant quelque chose ne fonctionnait pas.

Un jour, j’ai proposé des bottines qui sont plates et correspondaient très bien au personnage. A partir de là, je me suis sentie plus libre dans mon corps, plus terrienne.

 

MIE : Les autres comédiens participent aussi au travail des personnages?

Oui, nous cherchons ensemble, et même si le mot de la fin est pour le metteur en scène, il n’y a aucune retenue de proposer des choses, de s’aider entre nous. Même quand l’un de nous est sur le plateau, les autres proposent aussi, regardent et avancent ensemble…

 

MIE : ...c’est certainement ce qui contribue aussi à la qualité du spectacle.

Anaïs Ancel : Je pense que dans une compagnie s’il y a des tensions entre les comédiens, ça se sent. Il y a quelque chose qui passe moins bien. Nous avons cette chance de nous être bien trouvés !

 

MIE : Depuis le festival d'Avignon, y a-t-il eu des changements dans le spectacle ?

Anaïs Ancel : Ce qui est agréable dans l’écriture de Pierre, c’est que chaque jour nous pouvons dire une phrase d’une façon différente. En tant que comédiens, les phrases sont des nourritures à chaque fois. De ce fait, nous ne nous sommes jamais ennuyés à jouer le même spectacle pendant 3 semaines. Un jour notre personnage peut être plus en colère, et l’écriture peut s’adapter à notre façon d’être.

Étant sur le plateau, Pierre filme en général toutes les représentations afin de pouvoir nous donner des retours sur nos prestations, pour nous recadrer et nous dire que tel élément fonctionnait bien ou moins bien, ou que nous avions perdu tel autre…ce qu’il faudrait modifier, gommer.

Cet été, Pierre ne filmait que tous les 4 ou 5 jours. Il nous a laissé assez libres, ce qui nous permettait de trouver des choses par nous mêmes.

 

MIE : Le public vous donne aussi un retour direct…

Anaïs Ancel : On perçoit effectivement ce qui marche ou pas. Ce peut être aussi un piège, car il suffit de le dire différemment pour que l’émotion passe moins bien. Mais d’une façon générale, on sent les réactions du public, et ça permet d’avancer, tout comme le metteur en scène.

 

MIE : Quelle est votre scène préférée dans la pièce ?

Anaïs Ancel : J’aime beaucoup le moment où j’essaie de ramener Pyrrhus à la vie. Ça me parle beaucoup, ça me touche.

 

MIE : Quelle est la scène que vous trouvez la plus difficile dans la pièce ?

Anaïs Ancel : La première scène, quand Oreste arrive pour lui dire qu’il aime Hermione. C’est la première apparition de mon personnage, et tout le reste découle de cette scène.

Selon l’état dans lequel je me trouve, la première réplique sera dite différemment, il n’y a rien eu avant qui me nourrit, il n’y a pas eu "d’élan" préalable.

 

MIE : Au tout début, il y a ces sortes d’onomatopées chantées d’une voix puissante. Ce passage n’est-il pas plus difficile ?

Anaïs Ancel : En fait, paradoxalement non, c’est moins difficile car je suis très à l’aise dans cette voix. Du coup ça me fait du bien de donner, ça ouvre. C’est agréable d’avoir cette position d’ouverture de la pièce. Donc c’est un réel plaisir de défendre ce spectacle.

 

MIE : Tout en étant au départ une tragédie, Pierre Lericq en a fait une pièce joyeuse, parfois très comique. Vous avez, vous même, des passages, où malgré le comique de situation, vous devez garder votre sérieux. Est-ce difficile?

Anaïs Ancel : Effectivement Hermione envoie quelques petites « vannes » à Oreste. Un comédien pourrait être tenté de jouer la situation de façon comique, mais nous savons très bien que cela marche encore mieux quand on ne le fait pas.

De toute façon, quand nous sommes dans l’action, nous n'avons pas envie de rire. Par contre, quand nous sommes extérieurs à la scène (sur les côtés, ou au fond) c’est plus difficile de ne pas rire. Nous sentons aussi quand nous pouvons ou pas sourire, par rapport à ce qui est dit.

 

MIE : Une petite anecdote sur le spectacle pour terminer ?

Il y a un passage où quand je demande à Oreste (Fabrice Lebert) de tuer Pyrrhus (Pierre Lericq),  je tourne autour de lui avec ma traîne, et je saute au dessus de Fabrice qui est assis au dessus du plot. En Avignon, par 3 fois il a perdu l’équilibre et s’est retrouvé derrière le plot. Quand je me suis retournée et que je l’ai vu par terre, ça a été difficile de ne pas rire. Lui ne riait pas, et continuait à me regarder avec les yeux d’Oreste, et c’était encore plus difficile de faire comme si de rien n’était.

L’écriture de Pierre parle tellement de la vie, des vrais rapports humains complètement accessibles et que n’importe qui peut vivre. De ce fait, Hermione pourrait rire de voir Oreste à terre.

 

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 © Photo : Régis Gayraud - Texte : Régis Gayraud / Musicals in Europe